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Fatigue intellectuelle occidentale Ou autophagie de la raison humaniste ?

Ce titre est inspiré du livre de la philosophe australienne d’origine italienne Rosi Braidotti profondément critique de l’essoufflement intellectuel dont souffre la pensée occidentale dans son livre « The Posthuman » publié en 2013, de ce qu’elle a appelé « theory-fatigue ». Lequel peut résumer actuellement l’état dont se trouvent les créateurs et fondateurs de l’opinion publique dans le monde Atlantico européen, les intellectuels théoriciens. Du politiquement à droite avec la fin de l’idéologie (Fukuyama, 1987), et avec l’inévitable croisade des civilisations (Huntington, 1996). A gauche, le ressentiment contre les premières générations d’intellectuels a conduit à penser au retour à l’action politique que de se livrer à la spéculation théorique.

 

Ecrit par: Hakima Naji.

Le communiqué édité par une institution de recherche d’une grande notoriété universitaire en Allemagne, et signé par plusieurs penseurs allemands, parmi eux l’éminent Jürgen Habermas n’est qu’un point parmi d’autres reflétant l’état critique de la pensée des héritiers des Lumières.

Depuis la fin de la guerre froide qualifiée par la « fin des idéologies », mais en fait, la naissance d’une et une seule idéologie, celle du marché libre et de la mort de toute autre créativité théorique. Une stratégie bien ficelée pour isoler l’être humain et le transformer en outil de consommation des produits du marché tant idéologiques que matériels. L’être humain est instrumentalisé, mais surtout il est sur la voie de la banalisation et bientôt de l’obsolescence, il n’est plus l’unique penseur dans le monde envahi par les algorithmes, eux-mêmes bien imprégnés de la culture réificatrice de la vie.

D’ailleurs, la quasi-unanimité des Etas occidentaux continue à soutenir Israël depuis l’attaque du 7 octobre par les organisations de résistance palestiniennes dominées par Hamas. Leur soutien persiste même après la prise de conscience des peuples partout dans le monde occidental quant à l’attrait génocidaire de la riposte israélienne.


Le cantonnement de bon nombre de penseurs occidentaux dans le soutien aveugle et aveuglant du symbolisme de cette sale guerre génocidaire menée par l’Etat sioniste, comme étant une guerre entre les civilisés d’une part et les barbares d’autre part, les humains et les animaux humanoïdes.

Cette sale guerre qui coûte très cher aux palestiniens a mis à nu l’ampleur de la crise de la démocratie et de l’humanisme dans les pays occidentaux. La liberté d’expression s’est vue bafouée, la France, l’Allemagne, l’Angleterre, ont tous interdit toute forme de sympathie ou de soutien aux palestiniens. Sans parler des EEUU qui eux tuent les palestiniens à distance.

L’alignement des intellectuels derrière leurs gouvernements ne date pas d’aujourd’hui, en soutien d’Israël, « paradis de la démocratie occidentale » au sein d’un océan de « barbares », conformément à leur ethnocentrisme et l’arrogance de l’homme blanc vis-à-vis de l’autre d’ailleurs. Nous assisterions probablement à une nette expression de l’incapacité de la créativité intellectuelle humaniste. Tout cela n’a qu’une signification plausible, la corruption de la raison humaniste de l’occidental du XXI siècle, et le renoncement des Lumières qui ont donné naissance à leur grandeur.


Les occidentaux sont-ils encore dignes de se présenter en défenseurs des Lumières libératrices de l’être humain des féodaux ?

Rosi Braidotti affirme, dans son livre The Poshuman, qu’une sombre connotation de la condition posthumaine est indéniable, et que la répétition et l’uniformisme ont pris le dessus sur la créativité et la critique après une explosion de la créativité théorique des années 1970 et 1980. La raison occidentale est sans doute en crise, la survalorisation du soi contre la sous-valorisation de l’autre n’en est qu’un de ses symptômes.

Ce qui se passe actuellement en Palestine constitue une inflexion marquante du déclin de la pensée humaniste chez les occidentaux. En face duquel, nous assistons à une montée de conscience des peuples occidentaux contre les atrocités perpétrées à l’égard de la Palestine, et une renaissance des enfants des Lumières qui tient la route au sein d’une marée aveugle et aveuglante de défenseurs du sémitique devenu synonyme du sionisme.


L’État israélien est hyper-valorisé et incontestablement soutenu par les États occidentaux, contre une Palestine humiliée, écrasée et reléguée au dernier rang, avec l’exploitation des faiblesses des États arabes corrompus, les contraignant dans une course frénétique à se mettre au pieds de ce pays-mythe dans l’espoir de se voir immunisés contre un ennemi réel ou construit de petits bouts éparpillés dans les ténèbres de l’histoire.

Le mérite n’est-il pas aux palestiniens et palestiniennes ? Quoique le prix de cette guerre génocidaire dépasse la capacité de l’entendement humain. La Palestine, ce petit pays, met toujours à nu les atrocités de notre monde, l’arrogance de l’homme occidental, la corruption de l’homme arabo-musulman, encore une fois, donne un coup de fouet à cet humanisme essoufflé, voire bafouillé sous l’emprise du néolibéralisme sur toutes les facettes de nos vies, le politique, l’économique, le culturel et l’environnemental, remet les uns et les autres à leurs places véridiques, ni survalorisés, ni sous-valorisés, juste des humains.

Hakima Naji
21 mars 2024

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