
Meurtre d’un Malien dans une mosquée en France: le meurtrier toujours en fuit
Le meurtrier d’un Malien dans une mosquée du sud de la France qui a filmé vendredi sa victime agonisante est toujours recherché dimanche par la police après ce crime qui a soulevé une vague l’indignation.
«La piste d’un acte antimusulman est privilégiée mais n’est pas la seule», a déclaré dimanche le procureur de la République de la ville d’Alès, Abdelkrim Grini.
«Certains éléments pourraient nous laisser penser que ce mobile n’était peut-être pas le mobile premier (…) ou le seul mobile», a-t-il précisé, s’exprimant devant la sous-préfecture en présence du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a insisté sur le fait que « bien sûr, la piste d’un acte antimusulman n’est pas du tout négligée, bien au contraire».
L’assassin « Olivier » âgé d’une vingtaine d’années, un homme de nationalité française et issu d’une famille bosnienne, est «potentiellement extrêmement dangereux» et il est « primordial » de l’interpeller avant qu’il ne fasse de «nouvelles victimes», a déclaré le procureur.
Dans «les propos décousus» que le jeune homme tient dans la vidéo qu’il a lui-même faite vendredi face à Aboubakar, en train de mourir, il semble en effet manifester son intention de recommencer », avait précisé samedi soir le procureur à l’AFP.
Le meurtrier y est entendu se féliciter de son acte, en train d’insulter la religion de sa victime âgée d’une vingtaine d’années: «Je l’ai fait, (…) ton Allah de merde», répète-t-il à deux reprises.
Au moment de son agression, Aboubakar, installé à La Grand-Combe depuis quelques années, était comme chaque semaine allé tôt à la mosquée Khadidja de ce bourg du département du Gard de quelque 5.000 habitants au nord d’Alès, pour faire le ménage, avant la prière du vendredi.
Depuis son meurtre, les réactions se multiplient dans le monde politique, jusqu’au sommet de l’Etat.
«Le racisme et la haine en raison de la religion n’auront jamais leur place en France», a ainsi assuré le président Emmanuel Macron, sur X.
«La liberté de culte est intangible», a insisté le chef de l’Etat, adressant « le soutien de la Nation » à la famille de la victime et «à nos compatriotes de confession musulmane».
Dans la commune de La Grande-Combe encore traumatisée, une marche blanche en souvenir de la victime a débuté en début d’après-midi. Partis de la mosquée où s’est déroulé le drame, un millier de personnes se sont dirigées en direction de la mairie.
Parmi eux, Abdallah Zekri, le recteur de la mosquée de la Paix à Nîmes (sud), ne cachait pas son « sentiment de colère et de haine à l’égard de ceux qui ont commis ce crime».
«Du matin au soir, vous allumez la télévision, qu’est-ce que vous entendez, l’islam, les musulmans, les migrants, les OQTF (Obligation de quitter le territoire français), il n’y a que ça», a-t-il accusé.
Un rassemblement est prévu à Paris, à partir de 18H00, «contre l’islamophobie» et donnera lieu à une minute de silence.
Le Premier ministre François Bayrou a dénoncé samedi sur X « une ignominie islamophobe ».
«L’islamophobie tue. Tous ceux qui y contribuent sont coupables», a martelé Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France Insoumise.
A la Grande Mosquée de Paris, on a même évoqué la possible dimension «terroriste» de ce meurtre, dans une réaction sur les réseaux sociaux dans la nuit de samedi à dimanche.
«Il fait peu de doute que son auteur a été motivé par la haine des musulmans», a assuré cette institution religieuse, demandant « aux autorités compétentes » de dire au public « si la piste #terroriste est privilégiée».
«L’assassinat d’un fidèle dans une mosquée est un crime ignoble qui doit révulser le coeur de tous les Français», a réagi le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).
Le délégué national de la Conférence des évêques de France, Jean-François Bour, a estimé qu’ »une réponse ferme à la haine antimusulmane » était «urgente».