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Quand la foi devient suspecte

Boutaina Elmakoudi

Dans un pays qui brandit les valeurs de “diversité et tolérance”, et dont la Constitution garantit la liberté de conscience, certains responsables semblent encore chercher les “égarés” dans les recoins de la foi, plutôt que d’affronter les véritables piliers de la corruption érigés au cœur de l’administration.

À Casablanca, les autorités locales ont choisi d’aiguiser leurs armes contre ce qu’elles qualifient d’«églises non autorisées» : de simples rassemblements de chrétiens – pour la plupart étrangers ou Marocains convertis au christianisme – qui se retrouvent dans des appartements ou des locaux privés pour prier… non pas pour comploter ou inciter à la révolte.

Quel est le danger ?

Ces personnes sèment-elles la discorde ? Ont-elles envahi des mosquées ou distribué des tracts prosélytes dans les rues ? Ont-elles réellement menacé l’ordre public que l’on invoque dès que l’on peine à justifier une obsession sécuritaire ?

Ou bien le seul danger, aux yeux des autorités, serait-il simplement qu’un individu puisse croire autrement, qu’il puisse choisir sa foi en silence, sans l’approbation d’un fatwa officielle ou l’autorisation d’un caïd ?

Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, dans sa réponse à une question d’un député du Parti Justice et Développement, n’a pas hésité à admettre que ces lieux étaient suivis de près, que des pressions étaient exercées sur les propriétaires et locataires, et que des « chrétiens étrangers » étaient sensibilisés aux prétendus dangers… de la prière.

Comme si ces croyants, qui prient discrètement, constituaient une menace pour la stabilité, et non ceux qui pillent les deniers publics, attisent les divisions confessionnelles, ou instrumentalisent la religion à des fins électoralistes.

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