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Le secteur informel: parasite ou pilier de l’économie marocaine? (Spoiler: les deux)

Reghai yasmina

Ah, le secteur informel! Cette immense zone grise de notre économie qui avance masquée, mais sans jamais s’arrêter. Il ne paie ni impôt ni cotisation, il n’apparaît sur aucun graphique officiel… et pourtant, il fait tourner la boutique. Discrètement, efficacement.

Un fléau? Une soupape ? Une anomalie ? Une nécessité? Au Maroc, c’est – comme souvent – un peu tout à la fois.

L’informel, ce mal nécessaire (qu’on ne veut ni voir ni soigner):
C’est le vendeur ambulant qui maîtrise le trottoir mieux qu’un géomètre, le coiffeur “à domicile” sans diplôme mais avec une tondeuse affûtée, le mécanicien qui “répare cash”.
Si l’informel était un pays, il talonnerait notre économie formelle. Sauf qu’il vit caché, à l’abri des radars et des charges.

Ses super-pouvoirs?
• Il absorbe un chômage que ni l’État ni le privé n’arrivent à contenir.
• Il fait vivre des millions de familles, sans demander d’aide.
• Il s’adapte, il bouge, il respire : zéro bureaucratie, zéro délai.

Ses zones d’ombre?
• Des milliards qui échappent au fisc (mais qui, honnêtement, verse une larme pour la Direction Générale des Impôts ?).
• Des patrons honnêtes (il en reste) qui subissent une concurrence pas franchement loyale.
• Une armée de travailleurs sans droit, sans retraite, sans sécurité. Une précarité chic sous couvert de “débrouille”.

Formaliser l’informel ? Bonne chance!

Les gouvernements ont beau dégainer plans, plateformes et slogans, le terrain, lui, ne bouge pas. Ouvrir un commerce ? Une aventure. Déclarer son activité ? Une épreuve. Résultat : tout le monde reste planqué.

Yasmina Reghai
Quelques idées simples, au cas où un ministre nous lirait entre deux conférences :
1. Simplifier l’enregistrement d’une activité (vraiment).
2. Alléger la fiscalité pour les petits (plutôt que les étrangler dès l’inscription).
3. Informer, former, accompagner (tout le monde ne lit pas le BO tous les matins).
4. Et, soyons fous… lutter contre la corruption.

Miroir d’une économie à deux vitesses: L’informel n’est ni un parasite ni un héros. Il est le symptôme d’un système où s’inscrire dans les règles coûte souvent plus cher qu’en sortir.

Tant que le formel rime avec tracasseries, taxes écrasantes et crédits inaccessibles, l’informel aura de beaux jours devant lui.

Alors, doit-on le combattre ou l’accompagner?
Le Maroc, fidèle à lui-même, fera sûrement… un peu des deux.
En attendant, votre vendeur de msemen sans registre de commerce vous souhaite une bonne journée.

Et vous, vous en pensez quoi ? On régularise ou on laisse couler?

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