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La Moudawana a 20 ans: on souffle les bougies ou on rallume le feu ?

Deux décennies de réformes… et de résistances XXL

Par Reghai Yasmina

Il y a vingt ans, le Maroc annonçait en fanfare la réforme de la Moudawana. Un coup de balai sur le vieux Code de la famille, une pincée de modernité, et beaucoup de photos officielles. On a crié victoire, parlé de révolution. Vingt ans plus tard, on regarde le gâteau… et il a un goût un peu amer.

Les «avancées»: on progresse… mais à la vitesse d’un escargot sous tranquillisants
• Fini le tuteur obligatoire pour se marier. Sur le papier, c’est clair. Dans la vraie vie, il y a toujours un cousin, un oncle ou un « conseiller de famille » pour rappeler qui décide vraiment.
• La polygamie sous haute surveillance. Obtenir l’autorisation, c’est comme décrocher un visa pour Mars : compliqué, mais pas impossible. Certains y arrivent encore, preuve que le patriarcat a plus d’imagination que Netflix.
• Divorce moins sauvage. Oui, la répudiation unilatérale recule. Mais pour beaucoup de femmes, prouver un préjudice ou toucher une pension reste un marathon où le juge tient le chrono… et parfois, la ligne d’arrivée recule.

Les blocages: quand le patriarcat fait de la résistance façon béton armé
• L’héritage, toujours à sens unique. Les femmes touchent la moitié, parce qu’elles n’ont « pas les mêmes charges ». Un argument qui fait sourire jaune quand on voit combien de foyers tiennent debout uniquement grâce à elles.
• La justice à géométrie variable. Selon le tribunal, la loi devient un puzzle. Lenteurs, subjectivité et décisions qui changent comme la météo : bienvenue dans le labyrinthe judiciaire.
• Les mentalités, ce mur invisible. La loi dit une chose, la société en applique une autre. Entre pressions familiales, compromis « pour éviter le scandale » et peur du regard des autres, beaucoup de femmes abandonnent leurs droits avant même d’entrer dans le ring.

Yasmina Reghai
Et maintenant?

La Moudawana a permis de tourner une page, mais pas encore d’écrire le nouveau chapitre. La vraie bataille n’est plus dans les textes, mais dans les têtes. Et celle-là, aucun décret ne pourra la gagner seul.

Vingt ans après, les Marocaines avancent entre droits théoriques et réalités bien rugueuses. L’égalité ? Elle reste en chantier, coincée entre les paperasses, les tribunaux et les traditions qui refusent de mourir.

Alors, on trinque pour les 20 ans? Plutôt pas. On retrousse les manches, parce que la vraie réforme, elle, n’a même pas encore commencé.

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