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Le Maroc s’impose au 6ᵉ Championnat d’Afrique de boule lyonnaise: Casablanca au cœur d’une discipline qui s’affirme

Le Maroc vient d’inscrire une nouvelle page dans l’histoire du sport africain en remportant l’or lors du 6ᵉ Championnat d’Afrique de boule lyonnaise, organisé à l’Île-Maurice du 1er au 7 septembre 2025. Mais cette victoire, portée par deux championnes marocaines, raconte bien plus qu’un simple résultat sportif. Elle renvoie à l’histoire d’une discipline méconnue, à l’engagement des clubs casablancais qui ont forgé des générations de joueurs, et à la passion d’hommes et de femmes qui travaillent dans l’ombre pour assurer la continuité de ce sport.

La boule lyonnaise, encore appelée sport-boules, est souvent confondue avec la pétanque. Pourtant, les différences sont profondes. Le terrain y est plus grand, le geste implique un élan avant le lancer, et l’endurance occupe une place déterminante. Là où la pétanque se concentre sur la précision dans un espace réduit, la lyonnaise exige une combinaison rare de force, de stratégie et de finesse technique. Peu connue du grand public, elle mérite d’être mise en lumière, d’autant qu’elle offre aujourd’hui au Maroc l’occasion de briller au niveau continental.

Cette discipline a trouvé à Casablanca un foyer solide grâce à des clubs historiques. L’Association Sportive de Casablanca, plus connue sous le sigle ASC, en est le pilier central. Sous l’impulsion de son président, Hassan Rmili, ce club a non seulement accueilli il y a deux ans le championnat d’Afrique, mais il a aussi multiplié les efforts pour encadrer des joueurs, organiser des tournois et maintenir vivante une tradition qui aurait pu disparaître. Sans oublier que ce dernier s’est imposé comme un acteur essentiel de la démocratisation de ce sport en s’ouvrant aux jeunes et en tissant un lien direct avec les quartiers populaires. Ces initiatives témoignent d’un engagement collectif qui dépasse la simple compétition. Elles construisent un héritage sportif.

Le championnat organisé à Casablanca en 2023 a marqué un tournant. À l’époque, malgré la relative méconnaissance de cette discipline, le Maroc avait déjà décroché des médailles importantes, exclusivement en boule lyonnaise, confirmant que ses représentants possédaient le potentiel pour s’imposer à l’échelle africaine. Cette performance, passée presque inaperçue en dehors du cercle des initiés, a pourtant constitué la première pierre d’une reconnaissance plus large.

Deux ans plus tard, l’Île-Maurice a accueilli une édition très attendue, après les reports successifs liés à des contraintes logistiques. Le Maroc y a présenté une équipe déterminée, prête à confirmer ses ambitions. Dans l’épreuve du double dames, le duo composé de Fatiha Targhaoui et Bouchra Lafhal El Alaoui s’est hissé au sommet. Avec une régularité impressionnante et un sang-froid remarquable, elles ont dominé la finale face aux Algériennes Afenai Celia et Hamadi Asma, offrant au Maroc une médaille d’or historique. La Tunisie a complété le podium en décrochant le bronze, tandis que l’Île-Maurice a terminé quatrième.

Derrière ce résultat se cachent des visages qui méritent d’être connus. Fatiha Targhaoui, discrète mais redoutablement concentrée, s’est imposée comme une stratège du jeu. Elle incarne cette école marocaine qui privilégie la rigueur et la précision, tout en conservant un esprit de compétition empreint d’humilité. À ses côtés, Bouchra Lafhal El Alaoui a apporté puissance et assurance. Sa détermination et sa capacité à résister à la pression des grandes rencontres ont été décisives dans le parcours victorieux du duo. Ces championnes, désormais figures incontournables du sport-boules au Maroc, deviennent aussi des modèles pour les jeunes générations de joueuses. Cette médaille d’or n’est pas seulement une récompense sportive. Elle confirme la qualité du travail accompli depuis des années par les clubs casablancais. Elle démontre également que le sport féminin au Maroc, souvent confronté à des défis de reconnaissance et de moyens, peut s’imposer dans des disciplines exigeantes et techniques. Enfin, elle ouvre une nouvelle perspective, puisque le Maroc, aux côtés de l’Algérie et de la Tunisie, est désormais qualifié pour le prochain championnat du monde.

Les artisans de cette continuité ne sont pas seulement les joueuses qui brillent sur le terrain. Ils sont aussi ces présidents de clubs, ces entraîneurs passionnés et ces bénévoles qui, par leur persévérance, ont permis à la boule lyonnaise d’exister au Maroc. La Fédération Royale Marocaine du Sport Boules (FRMSB), sous la présidence de Abdellatif Aboutaher, en coordonnant les efforts et en accompagnant les clubs, joue également un rôle central dans cette ascension. L’histoire du sport est faite de victoires, mais aussi de transmissions. Le Maroc, en boule lyonnaise, écrit aujourd’hui une histoire où la ténacité locale rejoint la reconnaissance internationale.

Casablanca, en étant le berceau de cette discipline, démontre qu’un sport méconnu peut devenir un vecteur d’identité et de fierté nationale. Reste désormais à transformer ce succès en un héritage durable, en continuant à investir dans les clubs, à former de nouveaux joueurs et à offrir aux championnes marocaines la visibilité qu’elles méritent.

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