OpinionPolitique

Le grand tabou : l’égalité successorale, saison 2025 – avec option héritage limité

Par REGHAI Yasmina

On l’attendait comme la pluie à Casablanca en août: la nouvelle Moudawana. Avec ses promesses de modernité, de protection et d’égalité. Verdict? Disons qu’on est plus proche d’une mise à jour d’iPhone qui corrige des bugs que d’une vraie révolution.

⁃ axe 1: Le domicile conjugal devient intouchable.
Enfin une bonne nouvelle pour les veuves ! Elles ne se retrouveront plus à la rue, valises à la main, pendant que les beaux-frères mesurent déjà la surface du salon pour installer leur canapé. Désormais, la maison conjugale échappe à l’héritage. Bravo, on évite au moins la scène digne d’une télénovela où la belle-famille débarque avec un huissier.

⁃ axe 2 : Les filles peuvent recevoir des donations.
Même mineures ! C’est un progrès : avant, mieux valait naître garçon pour hériter d’un petit lopin. Aujourd’hui, papa et maman peuvent sécuriser l’avenir de leur princesse. Mais attention, cela dépend toujours du bon vouloir parental. Autrement dit : « si ton père t’aime, tu hérites ; sinon, c’est la hiba pour ton cousin».

⁃ axe 3 : Le testament libéré (un peu).
On propose d’autoriser le testament en faveur d’un héritier sans passer par l’accord des autres. Une avancée ? Oui, si vous aimez les réunions familiales avec cris, menaces et déshéritages surprises. Bref, ça promet de jolis feuilletons judiciaires.


Ensuite, entre dans le dur. Le fameux Taâssib reste bien accroché. Les militantes voulaient l’égalité totale ? On leur a répondu poliment : « utilisez la hiba, mesdames, ça marche très bien ». Traduction : l’injustice reste légale, mais vous pouvez bricoler dans les coulisses.

Yasmina Reghai
Yasmina Reghai
Bonus track : Le travail domestique enfin reconnu.
Incroyable mais vrai : la lessive, les tajines et le repassage de chemises compteront désormais dans le patrimoine acquis. Madame passe du statut de « fée du logis invisible » à « co-investisseuse de la maison ». On applaudit.

Et pour la garde des enfants ?
Bonne nouvelle encore : si une mère se remarie, on ne lui arrache plus ses enfants. Comme quoi, la modernité a parfois du bon sens.


En 2025, la Moudawana avance mais à petits pas. On appelle ça « prudence ». Certains diront « demi-mesure ». Moi j’appelle ça « l’art marocain du compromis» : donner un peu, mais pas trop. Suffisamment pour titrer « réforme historique », mais pas assez pour chambouler les traditions.

Et si nos silences en disaient encore plus?

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page