
Par Reghai Yasmina
Il était une fois, dans le Royaume, une application nommée InDrive, qui offrait aux citoyens désespérés de trouver un transport correct autre chose que le “taxi de la dernière chance”. Mais voilà, InDrive non totalement encadrés est devenu le bouc émissaire parfait pour les gardiens du statu quo.
L´application a été victime d’un carton rouge bien senti: “Tout transport via application sans licence est illégal”.
Et quand la loi ne suffit pas, on sort la matraque dans certains cas littéralement : agressions contre chauffeurs InDrive, affrontements, pare-brises brisés. Car oui, pour certains taxis (petits ou grands), l’apparition de plateformes comme InDrive, c’est une menace: celle de devoir partager le gâteau, celle de se faire “démasquer” quand le client réclame de monter dans une bagnole décente, ou juste être traité comme un être humain.
«Le taxi marocain, ce seigneur au volant douteux»:
Parlons-en, de ces taxis : clichés roulants ambulants de la misère mécanique, vitrages opaques, sièges éventrés, ou clim’ en option douteuse. Mais ô surprise : qu’on ait une voiture propre ou pas — peu importe — certains chauffeurs refusent de prendre le client. Parfois parce qu’il est “mal habillé”, parfois parce que la destination est “trop loin”, souvent on dit “non”et le chauffeur trouve un prétexte pour décliner la course.
Le paradoxe est cruel : la loi interdit in drive qualifié sans licence, mais n’impose aucune norme visible de confort, de respect, de courtoisie pour les taxis traditionnels. On oblige la paperasse, non les comportements.
«Pourquoi tout ce cinéma autour d’InDrive?»
Les Pouvoirs publics veulent garder le contrôle. Réglementer tout, surtout ce qui menace des marchés bien établis. Les taxis traditionnels sont bien organisés syndicalement, souvent plus “visibles” politiquement.
L’Économie de rente : Licences, permis, embarquements de véhicules, taxes… Le modèle existant rapporte, directement ou indirectement, à beaucoup.
L’Image, prestige, privilège social: Le chauffeur de taxi, dans certaines têtes, reste celui “qui décide”, celui qu’on doit respecter. Le culte du “je refuse le client qui ne va pas dans la même direction».
«Et nous, les citoyens?»
Nous, ceux qui attendent sous la pluie, dans les ruelles sombres, à qui on dit “non”, ou qu’on oblige à payer trois fois le prix quand on sait que le taxi pourrait activer le compteur, quand bien même ça blesse son ego, on est coincés. Pas inDrive, pas d’alternative fiable, parce que loi dit “licence”, mais le droit à un transport correct est-il aussi inscrit?
«Vers un avenir possible (oui, je veux rester un peu optimiste)»
Il faut réguler intelligemment: licences + normes minimales de confort + transparence + sanction pour refus injustifié.
Responsabiliser le client aussi : exiger le compteur, noter le chauffeur, ne pas accepter de refus injuste sans riposte (via plainte, via réseaux, via social).
Interdire InDrive parce qu’il dérange, c’est comme couper l’eau parce que le voisin remplit sa piscine : ça ne règle pas le problème, ça le déplace. Et le problème au Maroc, ce n’est pas tant qu’une application existe c’est que la culture du service public de transport est souvent réduite au strict minimum : tenir le volant, ignorer le client, espérer un pourboire ou un “kifkif”.
Si la prochaine décennie ne voit pas une refonte sérieuse du rapport chauffeur-client, avec des obligations claires et un minimum de respect matériel, on sera encore dans la même marmite : entre voitures miteuses et incivilités confortables.
Votre chroniqueuse qui prend le volant de ses mots… pendant que les taxis refusent de lever le vôtre.




