MANAL RMILI
C’est la rentrée des classes, c’est donc le moment pour les parents mais aussi les enfants de s’atteler à l’achat des fournitures scolaires. Cahiers, stylos, cartables, trousses, livres… Les listes sont parfois longues et qui plus est coûteuses, surtout en cette période de crise économique où le pouvoir d’achat des Marocains s’est largement détérioré.
Dans un magasin au milieu des montagnes de cahiers qui ornent les étals, nous trouvons une maman accompagnée de sa fille adolescente scolarisée au collège. Cette dernière se dit surprise cette année de la cherté exagérée des fournitures. La star des rayons c’est bien sur le cartable où plus d’une cinquantaine de modèles sont exposés. Sac à dos, trolleys, avec ou sans motifs, sans compter l’indispensable sac à goûter. Et tous les niveaux scolaires sont concernés, de la maternelle, jusqu’au lycée. Il y en a pour toutes les bourses… Ils varient entre 300 et 800dhs pour les plus sophistiqués et les plus robustes. « Les enfants sont de plus en plus exigeants. Pour eux, le cartable c’est ce qu’il y a de plus important », nous dit un salarié du magasin, faisant référence aux moqueries entres camarades de classe.
La plupart des parents d’élèves ont été surpris par la flambée des prix des cahiers et autres affaires nécessaires. Ces articles ont doublé et carrément triplé de prix pour certaines marques et formats exigés par des enseignants. Selon certaines hypothèses, l’augmentation des prix des outils essentiels à la scolarité des élèves pourrait s’expliquer par l’augmentation du prix du papier sur le marché international, du prix du transport des marchandises par voie maritime et s’inscrit dans la continuité de l’impact des guerres sur le commerce international et la baisse des exportations chinoises qui est le premier fournisseur dans ce secteur. « Voyez-vous comment un père peut subvenir aux besoins de sa famille, alors qu’il a d’autres charges à payer : loyer, factures d’eau et d’électricité….etc , avec un salaire avoisinant le SMIG au Maroc , c’est vraiment difficile » d’après Hassan, « mon fils fera sa première rentrée à l’école, mais il faut voir quelques années plus tard, comment cela va se passer ? Et il faudrait compter malheureusement avec les cours particuliers, ce qui est le cas de tout le monde ». Pour Khadija, une jeune maman « rien que pour les livres scolaires il faut estimer un montant de 1500, pour ma fille qui est à sa dernière année du lycée, ce que je dirais, c’est que le marocain est épuisé par toutes ces dépenses qui se suivent de Ramadan de l’Aid Adha aux vacances et j’en passe, mais ce que je remarque, c’est que le pouvoir d’achat des marocains a régressé avec la cherté de la vie et avec toutes ces dépenses ».
Certes, les officiels nous rappellent, à n’en plus finir, que les prix des manuels scolaires ne vont pas augmenter. On ne le sait que trop. Mais ils doivent savoir que la rentrée des classes ne se limite pas qu’aux livres. Ils oublient que la part la plus importante consiste dans les autres fournitures qui coûtent, comme on dit, les yeux de la tête. Pour de nombreux commerçants, cette période est une manne, car ils vont faire de gros gains en un temps record. La majorité d’entre eux, d’ailleurs, comptent sur cette période pour compenser les manques à gagner de toute l’année.
Certains profiteurs, même, se convertissent dans ce commerce saisonnier pour se remplir rapidement et facilement les poches. En effet, des locaux se transforment en lieux de vente de fournitures scolaires (cartables, sacs, stylos et autres protège-cahiers et crayons….). Cela sans parler des vendeurs anarchiques qui envahissent les rues et les artères de nos villes. Il faudrait imposer plus de transparence dans les pratiques commerciales, ainsi que des règles de conduite pour les acteurs impliqués dans l’opération. Tous les locaux autorisés à se livrer aux activités commerciales en lien avec la rentrée scolaire doivent se plier au règlement en respectant le minimum de transparence. Et l’une des moindres serait d’afficher les prix.
