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Un été sous filtre: entre bronzage pixelisé et fin de mois compliquée

Par REGHAI Yasmina

Juillet. Le soleil tape, les stories s’enchaînent, les pieds bronzés se posent dans le sable (ou dans une piscine d’hôtel), et les hashtags #SummerVibes pullulent.

Bienvenue dans l’été 2.0, où il faut paraître heureux, même quand le frigo sonne creux. Pendant que certains peaufinent leur feed Instagram, d’autres comptent les dirhams avant le marché du jour. Deux Maroc, une même saison.

Plage en story, dettes en coulisses
À force de scroller, on pourrait croire que tout le pays est en bikini à Saïdia ou en roadtrip à Chefchaouen. Mais la réalité, elle, transpire d’inflation.
L’huile grimpe, la farine s’évapore, le carburant explose – et les salaires, eux, restent figés comme une mauvaise connexion wifi.
Alors on s’endette. Pour une semaine à Agadir « trop méritée », pour une table dans un resto lounge avec vue mer et faux mojito. Le tout pour quelques likes et une illusion de normalité. C’est ça, le nouveau luxe : faire semblant d’être bien quand on rame.

Civisme, mode avion activé
L’autre feuilleton d’été ? L’incivisme généralisé. Plages jonchées de détritus, files d’attente transformées en mêlée de rugby, places de parking arrachées comme si c’était une question de vie ou de mort. On aime dire qu’on « kiffe le bled », mais on n’hésite pas à le salir. Sur les réseaux, c’est #MoroccoLover ; dans la vraie vie, c’est sacs plastiques et canettes abandonnées.
On ne partage plus un espace, on le consomme. Et si possible, on y met son nom dessus.

Et si on appuyait sur pause ?
À quoi bon courir après un été de rêve si c’est pour finir rincé en septembre – moralement et financièrement ? Et si on revenait à l’essentiel ?
Le vrai kiff, c’est peut-être un après-midi à l’ombre, sans wifi ni pression. Le vrai luxe, c’est de ne rien devoir à personne – ni à sa banque, ni à ses abonnés. Et le vrai civisme, c’est de laisser une plage comme on aimerait la trouver : propre, libre, partagée.

Cet été, on peut choisir de ne pas jouer le jeu. De préférer le vrai au « instagrammable ».
De dire non à la frime et oui à la simplicité. Parce que le souvenir le plus précieux, ce n’est pas celui qu’on poste en story avec filtre soleil couchant. C’est celui qu’on garde au fond du cœur, loin du brouhaha numérique.

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