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La jeunesse marocaine et la politique: entre désamour et “memes“ bien sentis

Par Reghai Yasmina

Ah, la jeunesse marocaine face à la politique… Une relation ambiguë, entre ghosting assumé et piques bien envoyées. D’un côté, des institutions qui tendent le micro en lançant des «On veut vous entendre!», de l’autre, une génération qui répond par un silence appuyé — ou un tweet sarcastique. Abstention record, mais créativité débordante: les jeunes ne désertent pas le débat, ils le détournent.

La politique ? Pas sans mon filtre:

Voter? Sérieusement? Quand le script semble écrit d’avance et que les visages changent plus lentement qu’un modem 56k, difficile de croire à un grand bouleversement. Les urnes restent souvent vides, non par paresse, mais par lucidité: «à quoi bon participer à une pièce dont on n’a jamais écrit les dialogues?»

Et pourtant… L’abstention n’est pas une fuite. C’est parfois un acte de protestation silencieuse. Comme quand tu refuses de télécharger la dernière mise à jour parce qu’elle ne corrige rien d’important. Une posture critique, pas une déconnexion.

Des likes aux luttes:
La rue est peut-être moins pleine, mais la toile, elle, est en feu. Threads, Reels, Stories engagées, slogans remixés… Les jeunes marocains ont troqué les discours pour des punchlines, les meetings pour “les memes”. Et quand ils descendent dans la rue, c’est souvent avec humour, créativité et une pancarte qui claque.

Le militantisme version 2025 ne passe plus forcément par les partis, mais par les plateformes. C’est moins structuré, mais plus spontané. Moins solennel, mais tout aussi percutant.

Cyniques mais pas amorphes:
Non, la jeunesse n’a pas raccroché. Elle observe, commente, tourne en dérision – et surtout, elle attend mieux. Un vrai dialogue. Une écoute sans condescendance. Des engagements concrets, pas des slogans préfabriqués.

Elle ne veut plus qu’on lui parle comme à une élève dissipée, mais comme à une génération qui a grandi avec le chaos, le dérèglement climatique, les crises économiques… et qui n’a plus envie qu’on lui vende des rêves creux.

Alors non, les jeunes ne sont pas dépolitisés. Ils sont ailleurs. Ailleurs que dans les urnes, mais pas absents. Ailleurs que dans les partis, mais pas indifférents. Ils observent, commentent, s’indignent, rient… et parfois, tapent juste.

Peut-être qu’un jour, ils reviendront dans l’arène politique classique. Mais à une condition : que celle-ci parle leur langue, comprenne leurs codes, et surtout, arrête de les infantiliser.

En attendant, ils swipent, ils scrollent, ils miment l’indifférence — mais derrière l’écran, ils veillent.
Alors un conseil : ne confondez pas silence et soumission. Parce qu’il suffira d’un post, d’un slogan ou d’un ras-le-bol pour que l’histoire reprenne… et cette fois, en live.

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