
Par REGHAI Yasmina
Ah, le Maroc et l’Afrique… Une histoire qui se raconte comme un feuilleton à rebondissements. On se souvient des siècles de liens forts, de rivalités, de guerres et, bien sûr, de cette longue parenthèse: trente-trois ans loin de l’Union africaine. Depuis 2017, le royaume a fait son grand retour, sourire protocolaire et valise bien garnie, prêt à renouer avec son « espace naturel». Mais ce come-back est-il le signe d’une vision africaine ambitieuse… ou d’un calcul géopolitique parfaitement huilé?
La diplomatie à la marocaine: généreuse… et avisée
Le Maroc a saisi une vérité simple : en Afrique, on ne revient pas les poches vides. Accords bilatéraux, tournées royales très scénarisées, projets économiques: le royaume cultive son image de partenaire «fraternel», presque protecteur. «Nous sommes Africains, et nous l’affirmons!», martèle Rabat.
Le message passe, mais l’opération séduction ne s’arrête pas aux beaux discours. Entre les lignes, il s’agit aussi de sécuriser des alliés économiques, d’asseoir son influence…. Plus qu’un retour en Afrique, c’est un retour sur l’Afrique, avec les codes d’une conquête pacifique.
Le dirham devient alors un moteur d’influence: Banques, télécoms, assurances, phosphates : les entreprises marocaines avancent en rangs serrés sur le continent. Attijariwafa Bank, Maroc Telecom et d’autres acteurs majeurs multiplient les acquisitions et les parts de marché.
Conséquence? Une place confortable au sein de l’UA.
Le Maroc, futur leader africain?
Trop tôt pour le dire. Mais force est de constater que Rabat avance avec méthode. Entre investissements massifs, diplomatie religieuse (formation d’imams) et alliances bien ficelées, le royaume s’installe comme acteur incontournable.
La question reste entière : l’Afrique profite-t-elle autant que le Maroc de ce rapprochement ? Pour l’instant, ce «retour aux sources» ressemble surtout à une opération séduction, où les belles paroles côtoient des objectifs très calculés.
Après tout, en politique comme en amour, les plus beaux serments cachent souvent les stratégies les plus futées. Et si, finalement, c’était ça, la vraie définition de la fraternité africaine?