
Par Reghai Yasmina
Levons nos verres… réutilisables, évidemment. Aujourd’hui, hommage à l’increvable, l’incontournable, le roi du marché marocain : le sac plastique. On le croyait banni par décret, enterré par des campagnes choc et des menaces d’amendes salées… mais non. Souple, malin, résistant, il se faufile encore dans nos vies comme un vieux copain un peu toxique dont on n’arrive pas à se débarrasser.
Acte I : Le Décret héroïque (ou presque). Souvenez-vous du grand jour : interdiction officielle, promesse d’un royaume plus vert, un avenir sans ce fléau translucide. Mais pour notre sac national, ce fut un simple défi. “Interdit ? Ah, parfait. On va jouer à cache-cache.” Et il s’est remis en piste, discrètement, planqué dans une poche ou coincé entre deux oranges.
Acte II : Les commerçants, maîtres du camouflage.Depuis, la distribution est devenue un art raffiné. Plus de sac tendu fièrement. Place à l’infiltration :
⁃ Le “cadeau surprise” : le vendeur chuchote “Tenez, un petit rien pour votre achat”… et hop, l’objet du délit glissé dans un sac en papier déjà à bout de souffle. Vous savez. Il sait. Mais c’est cadeau.
⁃ Le “sous le comptoir” : un geste rapide, presque magique, et votre marchandise ressort emballée dans… devinez quoi. Clin d’œil compris.
⁃ Le “camouflage intégré” : dans un vieux journal, au fond d’un carton, ou déguisé en sac tissu fatigué. Du grand art.
Le sac plastique est devenu le symbole parfait de notre époque : capable de s’adapter à tout, sauf à disparaître. Héros malgré lui de l’économie de la débrouille, preuve vivante que chez nous, on contourne plus vite qu’on ne change. La mission “zéro plastique” ? Toujours en cours… mais surtout en comédie. En attendant, méfiez-vous des petits “riens” qu’on glisse dans votre main. L’ennemi est invisible, mais toujours là. Et, avouons-le… terriblement pratique.
Chronique signée, mais pas emballée.