
Par REGHAI Yasmina
On a inauguré en grande pompe le nouveau terminal de croisières de Casablanca, des quais qui brillent, des passerelles téléscopiques qui feraient pâlir un aéroport, et la promesse d’accueillir 450 000 passagers par an. Rien que ça. On dirait presque que Casa s’est mise du jour au lendemain en mode “Riviera méditerranéenne”, prête à séduire l’élite du tourisme flottant.
Mais derrière les rubans coupés et les sourires protocolaires, une question flotte toujours: Casablanca est-elle vraiment prête à devenir une destination de croisière ? Parce que oui, accueillir des paquebots, c’est bien. Mais encore faut-il que les passagers aient envie de descendre… et surtout d’y rester un peu.
Que vont-ils trouver en débarquant? Une médina essoufflée, une circulation qui frôle le naufrage, et une corniche qui hésite entre modernité et nostalgie. Pourtant, l’authenticité est là: les parfums d’épices, l’architecture art déco fatiguée mais fière, le sourire des vendeurs de rue qui valent tous les guides touristiques.
Car au fond, les croisiéristes n’attendent pas qu’on leur serve une copie de Barcelone ou de Marseille. Ils veulent l’inattendu, le brut, l’authentique. Casablanca a tout ça en elle, il suffit d’oser l’assumer. Alors oui, que les paquebots viennent, que les amarres se posent. Mais qu’on n’oublie pas : le plus beau terminal du monde ne sert à rien si la ville n’a pas le courage de se raconter.
Votre chroniqueuse qui largue les amarres mais garde les pieds sur terre.