Les préjugés à l’égard des femmes n’ont pas évolué positivement au cours de la dernière décennie, restant « profondément ancrés » dans la société malgré des campagnes de défense des droits telles que MeToo. Ces « préjugés sont répandus chez les hommes et les femmes », selon un rapport des Nations unies publié lundi.
L’égalité des sexes n’est pas pour demain. Selon les conclusions d’un nouveau rapport de l’ONU publié lundi 12 juin, aucun progrès n’a été enregistré dans la réduction des préjugés sexistes « enracinés » dans les sociétés, au cours des dix dernières années, malgré les campagnes pour le droit des femmes comme MeToo.
Chez les hommes comme chez les femmes, « les normes sociales basées sur les préjugés de genre sont largement répandues dans le monde : près de 90 % de la population a au moins un préjugé » sexiste parmi sept passés en revue par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Ces « préjugés sont répandus chez les hommes et les femmes, suggérant qu’ils sont profondément incrustés et influencent les hommes et les femmes à des degrés similaires », poursuit le rapport.
Utilisant les données du World Values Survey – projet international sur l’évolution des valeurs et des croyances dans le monde – dans 80 pays couvrant 85 % de la population mondiale, le PNUD a mis à jour son Indice des normes sociales de genre (GSNI) qui intègre des dimensions politique, économique, liées à l’éducation et à l’intégrité physique.
Cet indice ne montre « aucune amélioration des préjugés à l’encontre des femmes en une décennie », « malgré d’importantes campagnes mondiales et locales pour les droits des femmes » comme MeToo, note le PNUD.
Par exemple, près de la moitié de la population mondiale (49 %) estime toujours que les hommes font de meilleurs dirigeants politiques que les femmes, et seulement 27 % estiment qu’il est essentiel pour la démocratie que les femmes aient les mêmes droits que les hommes.
Près de la moitié de la population (46 %) estime que les hommes ont plus droit à un emploi et presque autant (43 %) que les hommes font de meilleurs dirigeants d’entreprise.
Un quart de la population juge également justifiable pour un homme de battre sa femme, et 28 % estiment que l’université est plus importante pour les hommes. Des préjugés qui constituent des « obstacles » pour les femmes et conduisent à des « violations » de leurs droits.
« Sans s’attaquer à ces normes sociales de genre, nous ne parviendrons pas à l’égalité hommes-femmes ni aux objectifs de développement durable », met en garde le rapport. En effet, cette stagnation des préjugés intervient dans un contexte de recul du développement humain en général, liée notamment à la pandémie de Covid-19.
« Les normes sociales qui limitent les droits des femmes sont également préjudiciables à la société dans son ensemble, freinant les progrès du développement humain », a commenté dans un communiqué Pedro Conceição, directeur du Bureau du rapport sur le développement humain du PNUD. « Tout le monde y gagnera si la liberté et le pouvoir des femmes sont garantis », a-t-il insisté.
AFP