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CAN 2023: L’industrie touristique enregistre des retombées significatives à San Pedro

La 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2023) de football appelée de tous leurs vœux par les autorités et les populations ivoiriennes, s’est déroulée du 13 janvier au 11 février 2024 dans une atmosphère conviviale avec des retombées significatives sur divers secteurs d’activités telle que l’industrie touristique de San Pedro qui a accueilli le groupe F composé du Maroc, de la RD Congo, de la Zambie et de la Tanzanie.

En prélude à l’événement, les opérateurs du secteur, en l’occurrence ceux de l’hôtellerie, de la restauration et des lieux de loisir, ont réalisé des investissements dans seconde ville portuaire ivoirienne et les localités environnantes, qui ont été bénéfiques pour certains.

Des hôtels se taillent une bonne part Les constructions et rénovations en lien avec la CAN ont permis d’enregistrer dans les fichiers de la direction régionale du Tourisme et des Loisirs de San Pedro un accroissement du nombre d’hôtels de 191 en 2022 à 205 en 2023, pour 3.332 et 3.654 chambres.

Le président de la Fédération nationale de l’industrie touristique de Côte d’Ivoire (FENITOURCI), section de San Pedro, superviseur du Bas-Sassandra, Doudou M’Baye, atteste que ces investissements ne sont pas vains parce que les choses de sont bien déroulées au niveau de l’hébergement avec un taux d’occupation des chambres variant entre 75 et 80% pour certains hôtels.

La directrice régionale du Tourisme et des Loisirs de San Pedro, Mme Koffi Suzanne N’Goran, confirme ses propos. « Les activités ont été vraiment positivement impactées par la CAN parce que depuis les préparatifs des phases pratiques jusqu’à ce jour (fin janvier) nos chiffres ont vraiment grimpé au niveau des hôtels et des restaurants. » Elle a expliqué qu’en fin septembre 2023, le nombre de nuitées payées dans les hôtels étaient à 1.800.000. Le dernier trimestre de l’année ayant été marqué par des visites de différentes délégations officielles dans le cadre des préparatifs de la CAN, la phase finale de la deuxième édition de la Women champions (champions ligue féminine) et un match amical de la Côte d’Ivoire avec la Sierra Leone, l’occupation des chambres a connu un bond qui a porté le nombre de nuitées à 2.507.272 le 31 décembre, à quelques jours de l’événement.

En janvier, la matrice des statistiques affiche environ 73.814 nuitées pour un taux d’occupation de près de 60% qui est la moyenne du taux de près 80% de nuitées enregistrées dans la catégorie dite hôtels recommandables et de 30% prélevés au niveau des hôtels dits de quartier.

L’on trouve les hôtels recommandables qui été beaucoup plus sollicités dans les quartiers confortables de San Pedro (cité, Balmer, Lac, Jules Ferry), un à Grand Bereby et un à Tabou. Quant aux hôtels de quartier, ils sont situés au quartier Bardot et ses extensions. L’impact sur leurs chiffres d’affaires découle de la modification des tarifs liée à l’événement. En effet, à part les hôtels dits de quartier qui ont maintenu leurs prix habituels variant de 10.000 à 80.000 FCFA, les hôtels recommandables ont réhaussé la nuitée en passant de 20.000 à 450.000 FCGA à une nouvelle grille de 45.000 à 650.000 Francs.

Il en est de même pour les résidences et appartements meublés qui ont affiché des tarifs circonstanciels. En temps normal, un studio, une chambre avec salon, deux chambres avec un salon et trois chambres avec un salon se louaient entre 15.000 et 60.000 FCFA la nuitée. Les prix exceptionnels de la période CAN varient entre 25.000 et 80.000F. Quant aux résidences avec piscine, elles ont été louées entre 300.000 F et 400.000 F au lieu de 160.000 F et 200.000 F.

Le président des immobiliers et démarcheurs de San Pedro, Sami Loua, dit avoir loué une centaine de chambres de résidences et appartements meublés géographiquement mieux placés, sur 210 chambres répertoriées à San Pedro et dans les localités environnantes.

« En termes de rentabilité, le chiffre auquel on s’attendait, on ne l’a pas atteint. Toutefois, il y a eu un engouement qu’on ne peut pas comparer aux périodes normales », a confié M. Loua. Il a reçu les premiers locataires, essentiellement des journalistes, le 08 janvier. Les chambres ont été totalement libérées le 03 févier, avec un séjour de près d’un mois pour certains et moins pour d’autres.

La moisson a été certes bonne pour certains, mais il y a eu aussi des grincements de dents consécutifs à des préjudice dus à des réservations d’hôtels que n’auraient pas honorées et décommandées à temps des délégations du groupe F. En effet, contrairement à ce qu’ils avaient annoncé, ces pays n’ont pas pu déployer le nombre de supporteurs prévu.

Un impact considérable sur les lieux de loisirs et de gastronomie Au niveau des propriétaires des espaces de loisirs et de restauration, les dispositions ont été prises pour offrir au public sportif des cadres agréables pour se détendre et suivre les matchs de la CAN retransmis par les différentes chaînes de télévision. Ils ont accueilli le public sportif national aussi bien que les délégations étrangères. Certains comme Sipo Nigth au quartier Cité et l’espace Klaman Beach aménagé par le groupe Enotel en bordure de la mer ont fait le plein lors des matchs de l’équipe ivoirienne. D’autres ont servi de quartiers généraux (QG) aux supporteurs des équipes comme le Maroc et la RD Congo.

La délégation des supporteurs congolais a établi son QG au maquis Point Final, l’un des lieux de gastronomie du quartier Séwéké. Elle y a débarqué pour la première fois avec quatre cars de 65 places remplis de supporteurs, le 17 janvier, à quelques heures de leur premier match au stade Laurent Pokou.

Le gérant, Jean-Marie Kaboré, ayant auparavant conclu un partenariat avec eux par le biais d’une de leur compatriote basée à Abidjan, a cédé une partie de son site à une équipe de Congolaises qui s’y étaient installées pour confectionner les repas des membres de la délégation. En plus des mets congolais, les supporteurs se restauraient auprès des Ivoiriennes installées sur le même site et dans les environs.

La nuit du 28 janvier, ils y ont célébré jusqu’au lendemain matin, la qualification de leur sélection nationale pour les quarts de finale après sa victoire face à l’Egypte aux tirs au but (8 à 7) en huitièmes de finale disputée au stade Laurent Pokou.

M. Kaboré, qui est l’un des heureux bénéficiaires du séjour des supporteurs des Léopards de la RDC, évalue les retombées à plus de 60% de son chiffre d’affaires habituel.

Par ailleurs, les restaurants Royal de la Cité et la Roche Noire de Nitoro ont servi aussi de quartier général à des supporteurs marocains logés dans les hôtels et les résidences meublées. Ils s’y retrouvaient tous les soirs et fréquentaient aussi l’espace Klaman Beach et d’autres endroits de la ville.

Une période propice au tourisme Entre deux matchs, quelques supporteurs ont fait des excursions sur certains sites touristiques.

Le vendredi 20 janvier, l’étudiant en finances Charly Canepa, originaire de Nice, rencontré à l’hôtel Katoum de Grand Bereby lors d’une visite de terrain avec les agents des affaires maritimes et portuaires, a apprécié la qualité des sites et affirmé se sentir en sécurité avec la présence des forces régaliennes de sécurité.

« C’est vraiment bien fait. Ils ont mis l’accent sur la sécurité, le bien-être, le confort. (…) Je pense que ce ne sera pas ma dernière fois car c’est un très beau pays », a-t-il témoigné.

Le même jour, à environ 20 km de Grand Bereby, sur la plage de Tabawélé, Sébastien Moutoussamy, supporteur de la RDC venu de Paris avec sa fille et son épouse depuis une semaine pour vivre les matchs du groupe F, a fait le même constat.

« On a trouvé l’endroit très beau. Moi je suis un peu surpris, venant de Paris, je ne connais pas cette région. C’est très beau et l’itinéraire est assez bien balisé et on l’a retrouvé assez facilement. En plus, la plage est très propre, très belle et on se sent vraiment super bien accueilli, c’est chaleureux. (…) C’est un très bel endroit qu’on recommande vivement », a dit M. Moutoussamy qui dit avoir choisi ce site grâce à sa fille qui l’a découvert à travers les réseaux sociaux.

Ils disent être heureux de s’être baignés avec l’assistance des maîtres-nageurs, dans la piscine naturelle de Tabawélé. Il s’agit d’une fosse naturelle dans un rocher en pleine eau, à une cinquantaine de mètres de la baie, remplie constamment par les jets d’eau de la mer.

Les touristes sont attirés par cette zone de la sous-préfecture de Grand Bereby à cause de ses atouts touristiques, entre autres, la beauté de ses plages, la piscine naturelle de Tabawélé et la première aire marine protégée du pays avec une espèce de torture marine.

Pour permettre aux visiteurs de fréquenter sereinement toutes les zones balnéaires sans risquer de mettre en danger leur vie, la direction générale des affaires maritimes et portuaires a mis en œuvre un plan spécial baptisé « Opération Chalut » de sécurisation de la façade maritime dans la région de San Pedro durant la période de la CAN.

Depuis Grand Bereby jusqu’à Monogaga, sur plusieurs dizaines de kilomètres, avec un renfort de 101 éléments des affaires maritimes et portuaires venus d’ailleurs, et l’aide des autres forces de défense et de sécurité, des check-points sont définis pour sécuriser toutes les approches portuaires, les zones balnéaires, les hôtels en bordure de mer et faire du renseignement pour prévenir toute attaque.

Les agences de location de véhicules et des compagnies de transport y ont trouvé aussi leur compte La fête du football africain a aussi mobilisé plusieurs agences de location et compagnies de transport du pays qui ont loué toutes catégories de véhicules pour transporter supporteurs, délégations officielles et touristes dans la région de San Pedro comme dans les autres villes hôtes.

Les agences de location de véhicules locales y ont trouvé aussi leur compte, à en croire le témoignage de Serges N’Guessan, responsable du groupe Bethel, spécialisé dans la vente, la location de véhicules et autres activités connexes tels que la vente de pièces détachées et l’entretien.

« Quand il y a eu la CAN, on a eu des propositions sur un mois pour pratiquement tous les véhicules. Tous les véhicules sont sortis et cela été bénéfique pour nous », a-t-il confié. M. N’Guessan a loué aux visiteurs de la CAN, six véhicules personnels et mis la majorité de ses véhicules sous contrat avec des clients habituels qui ont aussi pris part à la fête du football. Il affiche des tarifs qui varient en fonction du type de véhicule, pour l’intérieur la ville de San Pedro, entre 25.000 F et 35.000 F par jour avec chauffeur, et en dehors de la ville à 45.000 F par jour pour les modèles Pick-up 4×4.

Des liens d’amitié et fraternité qui traduisent le slogan « la CAN de l’hospitalité » L’impact de la 34e édition de la CAN s’évalue aussi au plan social à travers l’ambiance conviviale partagée par plus de mille supporteurs et quelques centaines de journalistes étrangers avec les populations locales, traduisant le slogan « la CAN de l’hospitalité ».

Les plus nombreux, plus de cent journalistes et plus 800 supporteurs marocains et quelques centaines de Congolais, ont communié de façon remarquable avec leurs hôtes dans les lieux de loisirs et de gastronomie et à la Fan-zone.

Les journalistes et supporteurs marocains, plus fréquents à la Fan-zone, ont suivi régulièrement la retransmission des matchs de la sélection ivoirienne aux côtés du public sportif national. Lors de la qualification des Eléphants en quart de finale suite à leur victoire aux tirs au but face aux Lions du Sénégal (5 TAB 4), le 29 janvier à Yamoussoukro, ils ont été invités sur le podium, pour être salués et par le public. L’animateur du jour a qualifié cela de geste symbolique de reconnaissance envers les Lions de l’Atlas pour leur victoire sur le Chipolo Polo de la Zambie (1 à 0), le 24 janvier à San Pedro, qui a permis à la Côte d’Ivoire d’être classée meilleure troisième et d’obtenir son ticket de huitième de finale.

La monnaie a été rendue aux Lions de l’Atlas lors de leur match de huitième de finale contre l’Afrique du Sud, le 30 janvier, avec la mobilisation de milliers de sportifs ivoiriens au stade Laurent Pokou, à la Fan-zone et dans les quartiers, qui les ont supportés en espérant leur qualification pour les quarts de finales. A leur élimination de la compétition par leurs adversaires du jour, les supporteurs ivoiriens ont compati à leur affliction.

« Ce sont des frères qui vont nous quitter. Cela est un choc pour nous et aussi c’est une grande nation qui va quitter la compétition », s’est affligé Tassibéré Issouf, interrogé à la Fan-zone à la fin du match Maroc-Afrique du Sud. L’absence du Maroc, a-t-il estimé, va impactera l’image de la compétition parce que plusieurs personnes vont au stade pour cette équipe.

Au-delà de l’arrêt du parcours de la sélection nationale marocaine contre leur attente, les supporteurs venus du royaume du Maroc et des autres pays ont gardé un souvenir positif de leur séjour à San Pedro, à l’instar du journaliste Chokhmane de la télévision marocaine Alaloula, interviewé au restaurant Royal du quartier Cité, après la défaite de son équipe face à l’Afrique du Sud.

« A part le volet sportif, les Marocains et les Ivoiriens sont des frères. Les relations entre ces deux peuples datent de longtemps. Depuis notre ex-roi Hassan II et votre président Feu Houphouët-Boigny, ce n’était pas de simples relations, c’était des relations d’Etat et de frères. C’est pour cela qu’on a cherché à aller loin dans cette compétition », a déclaré Chokhmane, promettant de supporter les Eléphants pour la suite de la compétition.

Sa compatriote Kheiyali Ilham, interviewée dans la nuit du 22 janvier à l’espace Klaman Beach, en présence d’une délégation du ministère du Tourisme et des Loisirs en visite d’inspection, saluait l’accueil et l’hospitalité offerts à sa délégation. « Nous sommes là depuis une semaine déjà. On se sent comme chez nous. Franchement, le peuple ivoirien est très accueillant. On a été pris en charge de bout en bout. On est installé dans un hôtel et vraiment tout est magnifique », s’est-elle réjouie.

De leur côté, les supporteurs congolais mobilisés pour la victoire de leur équipe n’ont pas boudé le plaisir de découvrir la ville balnéaire et de fraterniser avec ses habitants, comme le témoigne le secrétaire général de l’Association des animateurs de l’équipe nationale des Léopards et clubs, Mbéla Vudisa Fidèle.

« Vraiment, nous sommes très bien accueillis dans cet hôtel. La Côte d’Ivoire, c’est comme nous à la RDC. La vie est la même. Donc, nous n’avons pas de complexe. (…) Vraiment, nous sommes égaux alors nous avons la joie », a-t-il confié à l’AIP, le 21 janvier à l’hôtel Maria, à la veille du match RD Congo-Maroc.

Après avoir passé de bons moments avec les supporteurs congolais, le gérant du Maquis Point Final, Jean-Marie Kaboré, témoin de l’enthousiasme et l’ambiance qui ont marqué leur passage sur son site qui leur a servi de quartier général, a affirmé qu’ils ont bien apprécié la collaboration et la cohabitation des Ivoiriens.

Une ville qui a fait peau neuve pour accueillir la 34e édition de la fête du football continental Pour accueillir l’événement et les visiteurs dans de bonnes conditions, la ville de San Pedro a bénéficié de diverses infrastructures sportives à savoir, quatre terrains d’entraînement des équipes, la cité CAN de 32 villas de haut standing de cinq chambres chacune, un stade de compétition baptisé du nom de l’international footballeur ivoirien, Laurent Pokou, de 20.000 places répondant aux normes internationales.

De plus, des travaux de voirie y ont été réalisés. Il s’agit, entre autres, d’une dizaine de kilomètre de bitume dans la ville et du bitumage en deux fois deux voies d’un tronçon d’environ 15 kilomètres, reliant les deux corridors de la ville avec éclairage public. S’y ajoutent la réfection de la route de la côtière San Pedro-Abidjan (plus 350 Km) et la réfection de la route San Pedro-Grand Bereby (environ 40 Km) en lien avec l’événement footballistique qui profite également à la ville siège du district autonome du Bas-Sassandra.

En plus de ces travaux, les autorités ont initié une opération d’embellissement de la ville marquée le ravalement des façades de certains édifices et des couches de peinture des calligraphes sur les bordures élevées des voies à l’entrée et à l’intérieur de la ville.

L’espace Rotary baptisé George Sangaré a été rénové et transformé en Fan-zone, un lieu de promotion des produits des partenaires de l’événement et de rassemblement du public sportif pour suivre la retransmission télévisée des matchs.

Le président de la FENITOURCI, section San Pedro, s’est réjoui de l’impact socioéconomique de la compétition continentale en félicitant les opérateurs de l’industrie touristique et en remerciant le gouvernement pour infrastructures réalisées dans la région. « Le maximum a été fait. Il faut que cela continue et que San Pedro, même après la CAN, soit la zone plus attrayante touristiquement parlant », a-t-il plaidé.

San Pedro a accueilli au total sept matchs, soit cinq du premier tour dans la période du 17 au 24 janvier et deux rencontres du deuxième tour (huitièmes de finale) les 28 et 30 janvier. La finale de la compétition oppose la Côte d’Ivoire et le Nigéria, dimanche 11 février au stade olympique Alassane Ouattara d’Ebimpé (district d’Abidjan).

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