
Par Yasmina REGHAI
Ah, le patriotisme sportif marocain ! Cette belle chose qui unit tout un peuple… sauf quand il s’agit de parler arabe, de chanter l’hymne correctement ou de ne pas déclencher une crise diplomatique en agitant un drapeau. Mais ne soyons pas trop durs: après tout, nos joueurs font de leur mieux. Enfin, on suppose.
Hakimi et le Drapeau Qui Dérange:
Achraf Hakimi, notre fierté nationale, a eu l’audace de brandir le drapeau marocain après une victoire du PSG. Scandale ! Certains Français ont froncé les sourcils, comme si Hakimi avait soudainement sorti un manifeste indépendantiste au milieu du Parc des Princes. Pourtant, quand un joueur français célèbre avec le drapeau tricolore, c’est du pur patriotisme. Mais quand c’est un Marocain… Oh là là, attention à l’intégration ! Hakimi, lui, semble dire : “Je suis Marocain, et alors ? » en parlant un arabe approximatif et en chantant l’hymne comme s’il improvisait des paroles de rap. Mais l’important, c’est le geste. Enfin, sauf pour ceux qui estiment qu’un drapeau, c’est déjà trop.
Walid Regragui et le « Brahech-Gate »: notre sélectionneur national, Walid Regragui, a récemment fait un coming-out linguistique en traduisant « débutants »par « brahech » (gamins, en darija). Immédiatement, les puristes de la langue arabe ont sursauté, comme si le coach avait profané le Coran en plein milieu d’une conférence de presse. Regragui s’est empressé de s’excuser, comme s’il avait insulté toute la nation alors qu’il a juste… parlé comme un Marocain normal. Mais bon, dans un pays où le débat linguistique est une mine antipersonnelle, mieux vaut ne pas trop jouer avec les mots. Surtout quand on est censé représenter l’élégance du football marocain.
Les Enfants de la Mission et l’Hymne en Version « Freestyle”: et puis il y a ces joueurs nés ou formés à l’étranger, qui chantent l’hymne national avec une ferveur… disons, créative. Certains murmurent, d’autres inventent des paroles, et quelques-uns font juste bouger les lèvres en espérant que personne ne remarque.
Mais est-ce vraiment grave ? Après tout, l’important, c’est qu’ils donnent tout sur le terrain. Et puis, soyons honnêtes : même certains Marocains « pure souche » butent sur « Manbit al ahrar »après quelques lignes. L’hymne, c’est comme la recette de la pastilla : tout le monde prétend la maîtriser, mais en réalité, ça finit souvent en approximation.
Être Marocain, C’est Aussi Être un Peu Désordonné: au final, Hakimi, Regragui et les enfants de la mission incarnent un patriotisme moderne, imparfait, mais sincère. Ils ne parlent peut-être pas un arabe académique, ils chantent l’hymne comme s’ils improvisaient un tiktok challenge, et ils déclenchent parfois des polémiques malgré eux… mais ils portent le maillot avec fierté.
Et puis, entre nous : si on exigeait des joueurs qu’ils maîtrisent parfaitement l’arabe classique avant de les sélectionner, on jouerait peut-être en… D4. Alors, vive le patriotisme sportif, même en version « brahech »!