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Des additions qui piquent et une réputation qui s’effrite : l’été salé du tourisme marocain

Par Reghai Yasmina

L’été au Maroc, c’est ce moment où les terrasses vibrent, les plages s’emplissent, et les cartes des menus s’ouvrent avec gourmandise. Ou du moins, c’était ça. Cette année, la saison estivale prend des allures de coup de massue pour les portefeuilles – et pour l’image du pays. Les réseaux sociaux en témoignent: les prix dans les cafés et restaurants explosent. Et les clients, eux, explosent d’indignation.

Un tajine, un thé… et l’addition de trop:
Des photos de tickets de caisse circulent comme des preuves à charge. À Marrakech, Agadir, Essaouira, Casablanca… mais aussi à Tanger, la belle du nord, les témoignages affluent. Là où l’on venait humer la brise et siroter un café face à la mer, il faut désormais aligner 40 à 60 dirhams. Le menu poisson à plus de 300 dirhams ? C’est devenu presque banal. Même les adresses “cachées” finissent par suivre la tendance, portées par la vague – ou la tentation – de surfacturation estivale.

Certains cafés emblématiques en bord de mer pratiquent désormais des tarifs que même les habitués n’osent plus commenter. Et ce sont ces mêmes établissements qui, hier encore, faisaient la fierté d’un accueil chaleureux et accessible.

Les hashtags #PrixAbusifs ou #TouristTrapMaroc fleurissent sur Instagram et X. Touristes étrangers déçus, Marocains frustrés : tout le monde semble d’accord sur un point, ce n’est plus tenable.

Yasmina Reghai
Une carte salée… pour une image écornée:
Dans certaines enseignes, on évoque les hausses des coûts, l’inflation, la saison… mais difficile de ne pas voir dans cette flambée un opportunisme mal maîtrisé. Car à force de trop tirer sur la corde, on finit par la rompre. Plusieurs familles marocaines préfèrent s’envoler vers la Turquie ou l’Espagne pour des vacances “au vrai rapport qualité-prix”. Et les étrangers ? Ils laissent des avis au vitriol sur TripAdvisor et Google, à deux clics d’un désistement pour l’an prochain.

Et maintenant ?
Les professionnels honnêtes s’inquiètent. L’image du Maroc, pays généreux et accueillant, s’effrite. Faudra-t-il une régulation ? Un contrôle des prix ? Une simple prise de conscience collective ? Pour l’instant, rien. Ou trop peu.

En attendant, que faire ? Lire la carte, poser des questions, refuser les menus sans prix, et surtout : partager les bonnes – et les mauvaises – adresses. Car face à l’excès, la meilleure arme reste encore la parole.

Yasmina Reghai
Chroniqueuse à cœur ouvert
“Le Maroc en clair-obscur, raconté sans détour.”

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