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Code de la Famille 2.0: La Réforme en Mode Pause.

Par Reghai Yasmina

L’annonce triomphale: lors de sa présentation, le Code de la Famille “nouvelle génération” a été qualifié de tournant historique : promesse de rapidité, égalité renforcée, procédures allégées. Un discours qui donnait l’impression qu’à peine la décision rendue, la pension alimentaire tomberait sur le compte bancaire, et qu’un divorce par consentement mutuel se réglerait en un clic.

Le terrain, moins pressé: dans les couloirs des tribunaux, la réforme n’a pas la même allure. Les délais restent longs, parfois imprévisibles. Les documents exigés se multiplient, y compris pour des démarches censées être simplifiées. La dématérialisation, vantée comme un progrès majeur, se résume souvent à scanner des documents… pour ensuite les imprimer et les classer dans des chemises cartonnées.

Le langage officiel, traduit en pratique:
⁃ “Garantie immédiate” : procédures étalées sur des mois, parfois des années.
⁃ “Célérité judiciaire” : accumulation de reports et d’audiences incomplètes.
⁃ “Protection renforcée” : textes ambitieux, moyens limités.

Nous sommes face à un système qui s’essouffle: le problème ne réside pas uniquement dans les textes, mais dans leur application. Sans effectifs suffisants, sans harmonisation des pratiques et sans suivi rigoureux, les réformes restent théoriques. Les tribunaux continuent de fonctionner à un rythme hérité d’un autre temps, loin de la “révolution” annoncée.

Yasmina Reghai
Mais alors pouvons nous avancer l existence d’un risque de décalage? À force de multiplier les promesses non tenues, on installe une lassitude silencieuse. Les citoyens finissent par s’adapter aux lenteurs, comme si elles faisaient partie du paysage naturel de la justice. Le danger, c’est que cette normalisation de l’attente transforme la réforme en simple vitrine politique.

Le Code de la Famille 2.0 ne pourra pas se contenter d’être un texte modernisé. Sa crédibilité dépendra de sa capacité à se traduire en décisions rapides, exécutées sans obstacles inutiles. Sans cela, la “révolution silencieuse” annoncée risque de rester… silencieuse, tout simplement.

Votre chroniqueuse qui décrit:
“Le Maroc en clair-obscur, raconté sans détour.”

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