
Par Reghai Yasmina
Un rêve qui vire au cauchemar administratif
Le doctorat, censé être l’aboutissement d’années de sueur et de nuits blanches, se transforme au Maroc en une course d’endurance… contre l’administration. Car une fois la thèse soutenue et les félicitations reçues, beaucoup de docteurs découvrent la vraie épreuve : attendre, attendre encore, pour obtenir le fameux parchemin. Pendant ce temps, certains concours publics se ferment, et avec eux, l’avenir professionnel de ces chercheurs.
Un vieux problème qui refuse de mourir:
Ce scandale n’est pas nouveau. Mais il devient explosif quand on sait que les concours d’accès à la fonction publique, notamment pour les postes d’enseignants-chercheurs, exigent le diplôme officiel en main, pas une simple attestation. La règle semble logique… sauf quand l’administration se révèle incapable de tenir ses délais. Résultat : les lauréats d’universités « rapides » avancent, les autres restent sur le quai.
Derrière les papiers, des vies brisées:
Ce retard n’est pas qu’une « lourdeur » : c’est une injustice sociale. Derrière chaque diplôme bloqué, il y a un projet professionnel suspendu, une famille qui attend un salaire stable, des rêves qui s’étiolent. Certains docteurs finissent par s’exiler, d’autres renoncent. Et le Maroc, lui, perd des cerveaux qu’il avait formés à prix d’or.
Les causes sont connues : bureaucratie kafkaïenne, signatures qui dorment des semaines sur des bureaux, effectifs administratifs insuffisants, centralisation excessive… Bref, la routine. Pourtant, certaines universités prouvent que délivrer un diplôme à temps n’a rien d’impossible. La question n’est donc pas de moyens, mais de volonté.
Trop, c’est trop:
Ce retard n’est pas un détail administratif. C’est une atteinte au principe d’égalité des chances. L’État ne peut pas d’un côté appeler à l’excellence et de l’autre pénaliser ceux qui y ont cru. La jeunesse marocaine mérite mieux qu’un système qui la décourage et lui ferme les portes après l’avoir formée.
Et maintenant ?
La balle est dans le camp des responsables. On nous demande d’être l’élite du pays. Mais sans diplôme, on reste juste… des chômeurs diplômés.