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Plage, bagnoles et impunité: chronique d’un drame “imprudemment” sablé.

Par Reghai Yasmina

Quand le sable devient terrain d’accidentologie nationale.

Rita, 4 ans, jouait sur la plage. Là où, dans un monde normal, on fait des pâtés, on ramasse des coquillages et on court après des cerfs-volants. Sauf qu’au Maroc, certaines plages ont un léger supplément de danger : le trafic routier.

Car, oui, des voitures y roulent. Tranquillement. Parfois même avec autoradio et clim. Des plages transformées en parking sauvage ou, mieux encore, en autoroute parallèle. Rita a été renversée par l’une de ces voitures. Sur le sable. Là où les pneus ne devraient jamais croiser les seaux en plastique.

Le sable n’est pas un panneau de signalisation

Mais attention, l’affaire prend une tournure inattendue : ce ne serait pas le conducteur qui serait à blâmer… mais le père de Rita. Selon la défense, c’est lui qui aurait fait preuve de négligence, en laissant sa fille évoluer dans ce qui semble être devenu, sans qu’on le sache, une zone à risque équivalent à un carrefour de Casablanca à l’heure de pointe.

Dans cette logique, on pourrait bientôt reprocher aux piétons d’avoir des pieds. Ou aux enfants d’avoir osé jouer dans un espace non homologué par la Fédération des conducteurs de SUV sur sable marocain.

La glorieuse tradition du “Ce n’est pas moi, c’est lui”

À défaut d’un code de la route clair, on cultive chez nous un certain art du renversement — et pas que des corps. Les torts glissent, comme les pneus sur le sable mouillé, vers le plus vulnérable. C’est un sport national : trouver mieux que la justice, trouver un coupable alternatif.

L’enfant ? Trop petit pour comprendre le danger.
Le père ? Pas assez rapide pour éviter le 4×4.
La voiture ? Elle, elle n’a rien demandé, elle suivait juste sa propre trajectoire existentielle.

Entre klaxon et conscience civique, notre cœur balance

L’affaire Rita n’est qu’un symptôme. Celui d’une société où l’espace public devient un no man’s land moral, où l’on oublie qu’avant les moteurs, il y a des vies. Où l’on confond liberté de circuler et permis de foncer tête baissée.

Mais que voulez-vous ? Quand on considère que tout le pays est une grande zone de dépassement, il ne faut pas s’étonner que les plus petits y soient écrasés… symboliquement et parfois littéralement.

Conclusion : Rita à l’hôpital, et le bon sens en vacances

Aujourd’hui, Rita se bat. Le conducteur, lui, attend que les choses se tassent. Et le système ? Il médite, sans doute, un nouveau panneau de signalisation : Attention, enfants non vigilants sur voies sablonneuses.

Pendant ce temps, sur nos plages, le sable continue d’absorber tout : les pas, les cris… et la responsabilité.

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