2 millions de touristes à Marrakech… et moi, et moi, et moi ?

REGHAI Yasmina

C’est officiel : le Maroc a battu son record touristique en mai 2025. Deux millions d’étrangers ont débarqué, appareil photo en main, pour immortaliser nos ruelles pittoresques, nos montagnes instagrammables et nos plages… enfin, surtout celles où l’eau ne charrie pas trop de déchets.

Le miracle marocain ? Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme et désormais candidate au titre de meilleure commerciale du royaume, se frotte les mains. C’est la preuve que notre stratégie paye !, clame-t-elle. Effectivement, entre les pubs à Times Square, les influenceurs payés en dirhams (ou en visibilité, c’est selon), et les hôtels 5 étoiles qui poussent comme des champignons après la pluie, le Maroc est devenu la destination tendance. Pourtant, en grattant un peu le vernis… !

Le côté moins « filter insta » du décor
– À Marrakech, les habitants se plaignent : Les touristes ont des réductions partout, nous on a juste le droit aux prix gonflés !Un comble : les Marocais doivent désormais payer pour se prendre en photo devant la Koutoubia… Bon, j’exagère. Mais à peine.

– À Chefchaouen, le bleu des murs ne suffit plus à cacher les bleus des petits commerçants étranglés par les plateformes de reservation et nous ? On survit avec les pourboires… quand il y en a.

– Et n’oublions pas le tourisme de luxe qui fait rêver… sauf les serveurs, payés 2500 DH par mois pour sourire à des milliardaires dînant à 5000 DH….
Le paradoxe marocain : On attire le monde, mais à quel prix ?

Le gouvernement vante les retombées économiques. Pourtant, dans les médinas, on murmure que l’argent des touristes reste dans les poches des grands groupes. Les riads ? Souvent détenus par des étrangers. Les restaurants branchés ? Gérés par des expats. Les excursions dans le désert ? Vendu par des agences… basées en Europe.

Alors oui, 2 millions de touristes, c’est bien. Mais si demain, ils décident tous d’aller en Turquie ou en Tunisie (parce que c’est plus authentique ou moins cher), que restera-t-il ? Des hôtels vides, des vendeurs de babouches au chômage, et une quête d’un nouveau slogan.

En attendant, mes chers compatriotes, si vous voulez profiter du Maroc des rêves, pensez à réserver… et à naître riche la prochaine fois.

Signé : Une chroniqueuse qui aime son pays… mais pas les illusions.
La prochaine fois, testez l’expérience Maroc réel: prenez un taxi à Casablanca aux heures de pointe. L’aventure, garantie sans filtre…