
Par REGHAI Yasmina
Il fut un temps où le rêve entrepreneurial au Maroc se limitait à ouvrir une épicerie de quartier ou un petit atelier de tissage. Aujourd’hui, la donne a changé : entre les cafés branchés de Casablanca et les incubateurs high-tech de Rabat, on ne parle plus que de fintech, d’agritech et de greentech. Le Maroc veut sa Silicon Valley, et il la veut maintenant. Mais derrière les pitchs enflammés et les levées de fonds médiatisées, où en est vraiment l’écosystème des start-ups marocaines?
1. Un paysage en pleine effervescence: depuis quelques années, le Maroc voit éclore une nouvelle génération d’entrepreneurs. Des plateformes comme Chari (B2B pour les épiceries), Yango (livraison ultra-rapide) ou KoolSkools (edtech) montrent que l’innovation n’est plus un concept importé, mais bien une réalité locale. Même le gouvernement s’y met, avec le programme « Maroc Start-up » et des initiatives comme Casablanca Finance City, qui ambitionne de faire du Maroc un hub financier et technologique.
Le chiffre qui tue :En 2023, les start-ups marocaines ont levé près de 200 millions de dollars (un record), selon un rapport de Africa: The Big Deal. Pas mal pour un écosystème encore jeune.
2. Les défis : Entre manque de financement et fuite des cerveaux
Mais attention, derrière les success stories, les obstacles restent nombreux:
– La régulation : Le cadre juridique évolue, mais lentement. Créer une entreprise au Maroc prend encore 11 jours en moyenne, contre 3,5 jours en France (Banque Mondiale, 2023).
– La fuite des talents: Les meilleurs ingénieurs et data scientists marocains sont souvent happés par l’étranger (Canada, France, Émirats…). Résultat : certaines start-ups se battent pour recruter.
Petite anecdote :Un fonds d’investissement marocain m’a confié : « On a des perles, mais parfois, elles préfèrent briller ailleurs. »
3. Et demain ?
L’espoir vient des nouvelles générations. Les jeunes Marocains n’ont jamais été aussi nombreux à oser l’entrepreneuriat, boostés par des programmes comme UM6P Ventures (Université Mohammed VI) ou Flat6Labs. Et avec la montée en puissance des green tech (solaire, gestion de l’eau…), le Maroc pourrait bien devenir un laboratoire d’innovation durable.
La question qui reste en suspens : Cet écosystème pourra-t-il produire une licorne (start-up valorisée à +1Md$) 100% marocaine ? Pour l’instant, le gros du capital vient encore de l’étranger…
Le Maroc des start-ups, c’est un peu comme un vieux taxi rouge qui essaie de se transformer en Tesla : l’ambition est là, la route est longue, mais le moteur tourne. Et avec un peu plus de carburant (investissements) et un GPS mieux réglé (régulation), qui sait ? Peut-être verra-t-on bientôt émerger le prochain Ogram ou Nexta made in Morocco.
En attendant, comme disent les entrepreneurs: «Incha’Allah, mais surtout, MVP (Minimum Viable Product) d’abord!»
Par votre chroniqueuse , une enfant du digital qui croit dur comme fer que le Maroc a plus de codes à cracker que de plafonds de verre.