Manale Rmili
Le livreur est l’agent de liaison, le moyen efficace pour parvenir à calmer sa faim à n’importe quel heure sans se déplacer, à compléter l’acquisition d’un bien désiré sans le moindre effort. Il suffit d’appeler et demander sans omettre une petite gratification pour son travail. Oui ce sont ces livreurs qui assouvissent nos désirs qui résident souvent du non déplacement, on ne se soucie jamais comment notre commande a passé son petit voyage avant de nous être livrée surtout avec la densité de la circulation dans la grande capitale économique Casablanca. Des livreurs qui font de leur mieux pour être à l’heure. Ceci dit le marché de la livraison à domicile a explosé en quelques années dans notre pays. Aujourd’hui, de multiples plateformes font appel à des dizaines de milliers de coursiers qui sillonnent les rues par tous les temps et presque à toutes les heures. Face à ce phénomène en pleine croissance, boosté par la crise sanitaire et les confinements, on a souhaité mesurer la perception qu’ont les Casablancais des livreurs à domicile. Loubna salariée fait appel souvent à ces plateformes de livraison par manque de temps elle estime que le livreur est efficace et courageux. Mehdi juge que les livreurs à domicile accomplissent un travail contraignant devraient bénéficier d’un bon salaire «j’ estime que le métier de livreur à domicile devrait voir son statut aligné sur les conditions de travail des salariés, ils prennent de gros risques en se confrontant aux dangers de la circulation».
La plupart des enquêtés ont pleinement conscience de la difficulté de l’activité du livreur et de la précarité de son statut. Néanmoins, les personnes interrogées ont tenu à faire part des comportements qui peuvent compromettre la sécurité routière d’autrui. Ils se plaignent de nombreuses incivilités des livreurs. Loubna victime, une fois a failli être renversée par l’un des leurs, nous fait part de sa mésaventure «au moment où je traversais la route un livreur a failli me renverser, tout simplement je ne l’ai pas vu arriver au moment où il roulait dans le sens contraire, du coup pour l’éviter je suis tombée sur le trottoir sinon il n’allait pas me louper».
«Les livreurs de repas prennent des risques inconsidérés en se faufilant dans le trafic. Lorsqu’ils circulent à scooter, désormais quelques uns à Casablanca. Ces livreurs sont bruyants, polluants et dangereux» estime khadija ,« Ils se garent n’importe où, sur les trottoirs, les places payantes, les espaces réservés aux handicapés… Ils brûlent les feux rouges, roulent à 70 km/h, empruntent souvent le tunnel qui leur sont interdits et donnent des coups de pied pour écarter les passants qui sont sur leur passage» .Afin de cerner le pourquoi de ces comportements, on a chercher à connaitre leur version des faits.
Le temps est ce qu’il y a de plus précieux dans ce métier, fait valoir ce jeune livreur. L’équation est simple nous confie-t-il: « plus on livre en moins de temps, plus on gagne ».
« Je ne pourrais pas m’arrêter à chaque fois au feu rouge j’ai un délai à respecter de livraison, chaque commande effectuée équivaut à une somme dérisoire de 5dh pour 1h de trajet, donc j’essaie par tous les moyens d’en faire plus en 1h ,le temps pour moi c’est de l’argent , sinon je ne pourrais point arrondir mon chiffre à la fin du mois, d’autant plus la société avec qui je travaille nous propose des défis, plus tu livres plus tu bénéficies de prime. Comme par exemple à la fête du mouton on nous a proposé de faire plus de commandes pour bénéficier de 650dh comme prime en cette occasion, j’estime de mon côté que la somme est très intéressante pour une personne dans le besoin tel est le cas pour moi. Ainsi, la plupart du temps et sans s’en rendre compte, on fait les mains et les pieds pour arriver à temps chez les uns avant de reprendre le chemin du GPS vers des autres », nous confirma Brahim. Ce dernier un livreur qui travaille à plein temps avec l’une des sociétés qui détiennent des plateformes destinées à livraison à domicile. Mais cela n’est pas sans risques. Les accidents sont très fréquents dans notre métier. J’étais moi-même en arrêt de travail il y a deux mois, car j’ai eu un accident. La situation était très difficile, je devais payer les frais de mes soins et ceux de réparation de ma moto».
La plupart des livreurs travaillent pour le compte des entreprises de livraison à domicile, ces derniers sont tous déclarés en tant qu’auto-entrepreneurs nous d’après notre enquête. Par conséquent, ils ne peuvent bénéficier de leurs droits en tant que travailleurs, conformément au Code du travail.