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COP22, Raibi Volants & Golfs Écolos : Le Maroc, Champion du Développement Durable… de Surface

Par REGHAI Yasmina

En 2016, Marrakech s’est transformée en capitale planétaire du développement durable à l’occasion de la COP22. Tapis rouge vert, discours solennels, selfies solaires et promesses à faire rougir Greta Thunberg. Pendant deux semaines, on a respiré de l’écologie à pleins poumons… ou presque.

COP22 : deux semaines d’écolo-tourisme diplomatique: On a juré que le Maroc allait devenir un modèle : énergies renouvelables, villes vertes, thé à la menthe bio servi sous panneaux photovoltaïques. Le monde entier avait les yeux tournés vers nous. Et puis… rideau.

Retour à la réalité : les sachets plastiques, pourtant bannis à grands renforts de loi 77-15, ont discrètement repris du service (surtout pour emballer les msemen, faut pas rigoler avec ça). Quant aux climatiseurs, ils ronronnent toujours à fond, comme si le réchauffement climatique était une rumeur lancée par les Norvégiens.

Développement durable… sauf sur la route: Sur les autoroutes de l’écocitoyenneté, certains ont visiblement raté la sortie. Le Raibi Jet, sport national non homologué, consiste à balancer sa briquette vide par la fenêtre avec une précision olympique. Parfois sur un autre véhicule, souvent au milieu de la chaussée, toujours avec insouciance. Et attention : les mêmes qui jettent râlent ensuite sur l’état des rues. On appelle ça le recyclage de la mauvaise foi.

Yasmina REGHAI
Yasmina REGHAI
Stress hydrique : l’eau rare… sauf pour les greens: Pendant que les barrages atteignent des niveaux dignes d’un puits sans fond et que la population apprend à économiser chaque goutte, les golfs de Marrakech et Casablanca continuent d’arroser leurs pelouses comme s’il pleuvait du robinet. L’ironie ? Ces mêmes golfs accueillent des séminaires… sur le développement durable. Il paraît que l’herbe y pousse mieux sous les contradictions.

RSE : Responsabilité Sociétale de l’Esthétique: Côté entreprises, la RSE est devenue un accessoire tendance. On plante trois arbres, on colle une feuille verte sur le logo, et hop ! “Entreprise verte”. Certaines vont jusqu’à organiser des journées de nettoyage pour leurs employés, histoire de saluer l’environnement… avant de reprendre leur production de plastique à usage unique dès le lendemain. Heureusement, quelques PME font un vrai boulot de fond — mais c’est moins “instagrammable”.

Des lois vertes, mais qui rougissent dès qu’on parle d’application: Sur le papier, le Maroc est un élève modèle. Interdiction des sacs plastiques, stratégie nationale de développement durable, gestion des déchets… Mais sur le terrain, c’est une autre histoire. L’application reste timide, les contrôles rares, et la sensibilisation quasi absente. Une loi sans sanctions, c’est un peu comme un feu rouge sans radar : tout le monde fonce.

Et le citoyen dans tout ça ? Entre “bghina nghyr” et “mabghitch nssob”: On peut accuser l’État, blâmer les entreprises, mais soyons honnêtes : le citoyen marocain n’est pas toujours très green-friendly. Entre les lavages de voiture en plein stress hydrique, les sacs plastiques planqués sous l’évier “au cas où”, et le refus catégorique de prendre le bus (“Choufi, j’ai une Dacia, hchouma !”), on avance en reculant.

Conclusion : Le Maroc peut mieux faire… mais il faudrait le vouloir vraiment. On a le soleil, le vent, des lois plutôt bien ficelées, une jeunesse engagée, et même des hashtags (#GreenMorocco, ça claque). Ce qu’il manque ? Un soupçon de cohérence, une pincée de volonté, et une bonne dose de passage à l’acte.

En attendant la prochaine grande conférence internationale, souvenons-nous:
✔ Un sachet plastique ramassé, c’est déjà ça.
✔ Une clim éteinte, c’est un iceberg qui respire.
✔ Et un Raibi bu jusqu’à la dernière goutte, c’est bien. Mais le jeter à la poubelle, c’est mieux.

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