Aux portes des Oscars: le cinéma marocain trace sa route.

Par Reghai Yasmina

Depuis quelques années, le cinéma marocain frappe avec insistance aux portes de l’Académie des Oscars. Sans décrocher encore la nomination tant convoitée, il réussit néanmoins à imposer sa présence, son souffle et surtout ses histoires singulières.

En 2023, Le Bleu du caftan de Maryam Touzani a bouleversé le public par son drame intimiste autour d’un maître tailleur. Cannes lui a ouvert les bras, l’international l’a consacré, et le film a fait entrer le Maroc dans la prestigieuse shortlist. Un an plus tard, Asmae El Moudir ose la docufiction avec The Mother of All Lies, où des figurines d’argile deviennent les témoins muets d’une mémoire collective tourmentée. Le film aussi se hisse dans la pré-sélection.

En 2025, Nabil Ayouch propose Everybody Loves Touda, portrait vibrant d’une chanteuse incarnée par Nisrin Erradi. Si l’Oscar lui échappe, le film n’en récolte pas moins une pluie de prix pour l’interprète principale, confirmant la capacité du Maroc à offrir des rôles puissants à ses actrices. Enfin, 2026 se profile déjà : Maryam Touzani revient avec Calle Málaga, premier film en espagnol, déjà auréolé d’un prix à Venise.

Mais réduire ce parcours à la simple quête de la statuette dorée serait un contresens. Car l’essentiel est ailleurs :
• dans les salles combles à l’étranger (Le Bleu du caftan a franchi le demi-million d’entrées, un record pour un film marocain),
• dans la reconnaissance internationale des interprètes, à l’image de Nisrin Erradi,
• et dans l’intégration de figures marocaines au sein même de l’Académie, où Touzani et Ayouch siègent désormais comme membres votants.

Le cinéma marocain n’attend plus une validation extérieure pour exister. Il avance avec audace, porté par des artistes qui ne craignent pas de raconter des histoires sensibles, universelles et profondément enracinées. La nomination viendra peut-être, mais déjà, une chose est sûre : le Maroc a trouvé sa voix, et elle résonne au-delà des frontières.