Société

Le retour d’un  quadragénaire aux bancs des études

Manal Rmili
Il n’est pas toujours facile de transformer sa réalité lorsqu’on a une carrière bien entamée derrière soi, ou une famille à nourrir. Pourtant, ces personnes sont de plus en plus nombreuses à sauter le pas pour reprendre des études. Que ça soit dans le but de poursuivre une carrière différente, d’acquérir de nouvelles compétences, ou simplement d’assouvir une certaine soif de connaissance, une aventure éducative à l’âge adulte sera indéniablement palpitante. Les motivations diffèrent d’une personne à l’autre, en général La décision de reprendre ses études à un certain âge est souvent motivée par un ensemble complexe de facteurs personnels, professionnels et émotionnels. Pourquoi alors retourner à l’université? Dans ce sens notre journal a fait une enquête, pour répondre à la question de ce qui motive ces personnes qui ont décidé de retourner aux bancs de l’université.

Zineb 48 ans, mariée et a quatre enfant. Elle exerce actuellement une profession de psychologue, nous fait part de sa reconversion et de son changement de voix:
«J’ai exercé différents métiers dans ma carrière professionnelle, j’ai une vie ‘’couteaux suisse’’. Je sais que j’ai besoin de nouveautés et je pense un crédo c’est que tout est possible, les limites que l’on a ce sont celles qu’on se pose, ça ne veut pas dire que tout est facile et que tout se fait en un jour. A la base, j’étais ingénieure de formation ce n’était pas du tout des études de cœur, ce sont des études fortement guidées par la voix paternelle. Je l’ai regrettée pendant vingt ans, j’étais très en colère, j’en ai voulu aux personnes qui n’ont pas cru en mes choix et je m’en suis voulu de ne pas avoir essayé. Si il y a quelque chose à retenir, ce ne sont que les regrets, on peut avoir de la colère envers les autres mais le regret il était envers moi de ne pas avoir eu le courage d’essayer. Quand on a 17 à 18 ans ce n’est pas facile de s’exprimer ou d’imposer nos choix surtout dans notre culture marocaine, là ou le patriarche décide de tout et ne te laisse aucune marge de manœuvre. En tout cas cette leçon je l’ai retenue et qu’un jour je poursuivrais ce que j’ai laissé en suspens. Malgré toutes les désapprobations de mon entourage en partie de mon mari, j’ai quand même le courage d’aller vers ce que je voulais. J’ai commencé à étudier à la faculté tout en continuant à travailler à gérer la maison et mes quatre enfants, j’ai faillit exploser mais bon j’ai tenu».

Meriem 49 ans, veuve sans travail et a trois enfants qui étudient à l’étranger. Elle a eu sa licence en Sociologie et actuellement poursuit ses études dans la même branche en Master à la faculté Ain Choc de Casablanca.

« J’ai repris mes études pour pouvoir donner un sens à ce que je fais de mon quotidien surtout de pouvoir faire le deuil de mon mari et aussi une manière de se dire qu’il faut passer à autre chose. Quand j’ai perdu mon mari et que je suis restée seule après le départ de mes enfants, j’étais dans l’obligation de trouver une solution pour sortir de cette solitude qui m’était insupportable. Alors j’ai opté pour le retour aux études, certes, ce n’est pas une décision facile à prendre surtout pour une femme à mon âge, ce retour nécessite certaine adaptation de vie et les questions qu’on se pose à ce moment : est ce que je vais y parvenir ?, est ce que je vais me prendre un mur ? Dans ce désarroi, à franchir le pas, pour ne pas dire sauter dans le vide, l’encouragement de mes enfants m’a été d’un grand support. Aujourd’hui je suis en Master première année à l’université, je suis fière de moi, pleine d’espoirs et d’enthousiasme. Les portes de la connaissance s’ouvrent à moi, sans oublier l’effet des nouvelles rencontres et les interactions enrichissantes dont j’ai bénéficié au cours de mon cursus à l’université. Tout ces éléments que je vous ai cité m’ont été d’une grand aide ça m’a permis de me redécouvrir et d’élargir mon champ d’intérêt dans la vie».

Ces adultes que nous avons rencontrés sont bel et bien des adultes en construction. Leurs motivations sont multiples, très imbriquées et changeantes au cours du temps. Ces études diplômantes n’ont donc pas pour motivation initiale de favoriser une évolution professionnelle, même si celle-ci, au bout du parcours, devient envisageable pour certains. L’envie de rattraper le temps, le plaisir de découvrir de nouveaux domaines, de s’ouvrir au monde, de développer sa compréhension de l’environnement sont par contre des facteurs essentiels pouvant expliquer cette démarche de reprise d’études.

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