France: premiers pas du gouvernement Barnier, déjà menacé de censure
Le nouveau gouvernement français de Michel Barnier fait ses premiers pas lundi, déjà critiqué et menacé de censure, deux mois et demi après des élections législatives anticipées qui n’ont dégagé aucune majorité et retardé l’élaboration du budget 2025.
Les 39 nouveaux membres du gouvernement, très majoritairement issus de la droite et du mouvement libéral du président Emmanuel Macron, se sont réunis pour la première fois à 08H00 (10H00 GMT) à Matignon, la résidence du Premier ministre, pour un « petit-déjeuner gouvernemental ».
Ce n’est pas un Conseil des ministres mais une « réunion des ministres autour d’un café pour mieux se connaître », a dit en ouverture de cette réunion Michel Barnier le Premier ministre, nommé le 5 septembre par le chef de l’Etat et qui a dévoilé samedi la composition de son équipe.
Plusieurs passations de pouvoir suivront dans les ministères avant que les membres du gouvernement se retrouvent au palais présidentiel de l’Elysée pour un premier Conseil des ministres à 15H00 (13H00 GMT) autour du chef de l’Etat.
Ancien commissaire européen en charge du Brexit, M. Barnier a appelé dimanche soir à la télévision son gouvernement à travailler dans la « plus grande cohésion » et la « plus grande fraternité », face à de premières tensions au sein de son équipe.
Rassurer
L’élaboration du budget 2025, qui a déjà pris un retard inédit, est l’urgence numéro un, dans un contexte économique très tendu.
Le Premier ministre a qualifié la semaine dernière la « situation budgétaire » de la France de « très grave ». Il a promis de ne « pas alourdir encore l’impôt sur l’ensemble des Français », hausse à laquelle s’opposent les macronistes.
Mais « les plus riches doivent prendre part à l’effort de solidarité », a-t-il prévenu, sans se prononcer directement sur un rétablissement de l’impôt sur la fortune, réclamé par la gauche.
«Une grande partie de notre dette est émise sur les marchés internationaux, extérieurs, il faut garder la crédibilité de la France », a-t-il ajouté, alors que le déficit public du pays s’affiche à plus de 5% du PIB (Produit intérieur brut), au-delà de la limite européenne de 3%. La France fait, avec plusieurs autres pays membres de l’UE, l’objet d’une procédure pour déficit excessif de la part de Bruxelles.
M. Barnier a également assuré que de grandes lois comme celles sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG), le « mariage pour tous » (hétérosexuels comme homosexuels) ou l’assistance médicale à la procréation (AMP ou PMA) seraient « intégralement préservées ».
Il s’est aussi engagé à « prendre le temps d’améliorer » la très contestée réforme des retraites, sans livrer de détails.
Garanties insuffisantes
Des garanties insuffisantes pour la gauche, qui a déjà promis la censure du nouvel exécutif.
La coalition de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), arrivée en tête des législatives des 30 juin et 7 juillet, mais sans obtenir de majorité, a déjà prévu de rédiger une motion de censure. Le texte sera déposé par les socialistes (qui font partie du NFP) après le discours de politique générale de M. Barnier le 1er octobre, selon le patron du Parti socialiste Olivier Faure.
Le chef de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a appelé à se « débarrasser aussitôt que possible » de ce « gouvernement des perdants », qui n’a selon lui « ni légitimité ni futur ».
Le nouvel exécutif fait la part belle au parti du président Macron, Renaissance, et une bonne place à celui de droite Les Républicains (LR), dont est issu M. Barnier.
Deux formations pourtant sorties en net recul aux législatives provoquées par la dissolution controversée de l’Assemblée nationale par M. Macron après la déroute du camp présidentiel aux élections européennes.
Reste que pour aboutir, une motion de censure doit recueillir les voix du Rassemblement national, le parti d’extrême droite de Marine Le Pen, ce qui pour l’instant est peu probable de l’aveu même de M. Faure.